Accompagnement des élèves

Assurer la continuité pédagogique

15 / 06 / 2020 | Anaëlle Weiss

Comment permettre continuité et articulation pédagogiques au regard des contraintes de l’année 2020 ?

Toute situation inédite peut entraîner des réactions diverses, voire opposées : soit essayer à tout prix de continuer comme si l’on était dans des conditions habituelles, soit partir en tous sens dans une innovation incontrôlée.

De même, la relation au numérique provoque des attitudes parfois extrêmes : méfiance et sentiment d’être privé de ce qui fait l’essence même de l’enseignement, à savoir la présence du professeur, ou, au contraire, engouement sans limites, conduisant à faire prendre sans recul le medium pour le message [1].

Ce qu’impliquent les conditions exceptionnelles que nous traversons, c’est la nécessité de trouver un équilibre dans une double mise en tension : présence/distance ; collectif/individuel. Pistes de travail, documents, contenus clés en main ont parfois donné à certains le sentiment d’être submergés d’information et d’avoir du mal à trouver un fil conducteur.

Le présent document a pour but d’identifier quelques points de vigilance à observer pour ne pas tomber dans l’un des écueils ci-dessus évoqués. Ces points, limités à dix, se divisent en deux catégories : cinq concernent la posture du professeur, son positionnement face aux élèves selon la situation d’échange, virtuelle ou présentielle ; cinq autres la pratique pédagogique, quelle que soit la discipline enseignée.

Trouver une posture adaptée

  • 1 : Assurer une continuité pédagogique :

Elle se fait de deux manières ; en affirmant sa présence en tant que professeur, c’est-à-dire en continuant à assumer son rôle de référent, de guide, de dispensateur de savoir :

Il peut sembler excessif de se poser ainsi, mais dans une période d’incertitude, d’inquiétude parfois, il importe que l’enseignant garde une fonction-repère. Certains élèves, ou même des parents, ont parfois mal réagi quand, afin de répondre au mieux aux besoins de chacun, des enseignants ont téléphoné dans les familles, donnant, certes à tort, un sentiment d’intrusion. A l’inverse, d’autres ont été débordés par la demande d’élèves qui, malgré eux, perdaient le sens des limites dans la relation avec l’enseignant, créant une familiarité difficile à encadrer.

Elle se fait aussi en pensant l’articulation entre les contenus et les activités proposés en virtuel et ceux donnés dans l’établissement ; on peut penser que, même à la rentrée de septembre, la notion de groupe-classe dans son entier et en présence au quotidien ne sera pas encore d’actualité. Combiner les temps d’échange avec les élèves selon ces deux modes, trouver une continuité de parcours quel que soit le moyen de transmission, c’est aussi là que réside la continuité pédagogique.

  • 2 : Instaurer une régularité :

Il ne faut pas confondre régularité et quotidienneté, ni même répétition aux mêmes jours et aux mêmes heures. Ce qui importe, dans une période où l’emploi du temps est nécessairement fluctuant, c’est de proposer des rendez-vous réguliers aux élèves, qu’à chaque fois qu’ils quittent leur professeur, dans la classe ou par écran, ils sachent quand et comment ils vont le retrouver. C’est par-delà le mode de relation choisi que l’on doit continuer à favoriser l’assiduité.

A vouloir imposer – et s’imposer – une récurrence à l’identique, on crée un carcan que beaucoup d’élèves ne peuvent respecter, en particulier à la maison. Les difficultés matérielles de certains sont un obstacle qu’il faut savoir prendre en compte tout en maintenant un cap d’apprentissage. En revanche, fixer un calendrier, le partager avec les élèves – le format hebdomadaire ou par quinzaine peut suffire – contribue à diminuer l’attente, anxiogène, ou la démotivation.

Cette notion de rendez-vous permet aussi d’éviter la dichotomie virtuel/présentiel. En effet, ce qui importe le plus, c’est la date et l’heure de la rencontre suivante avec l’enseignant(e) ; la modalité est, bien sûr, indispensable à préciser mais elle n’est pas première.

  • 3 : Communiquer avec clarté :

S’il est vrai que limiter les contacts à des envois d’écrit (cours, corrigés) sans aucun échange visuel peut être dissuasif pour beaucoup d’élèves, il importe de trouver la bonne mesure dans le choix des supports – variable selon les classes – pour adresser des contenus ou proposer des activités. Une fois encore, si l’outil utilisé fait oublier, par sa complexité ou sa seule originalité, la matière qu’il veut transmettre, il manque son objet ; en tout cas, il le fait perdre de vue aux élèves. Cela ne signifie en aucun cas que l’on ne peut faire appel aux multiples moyens numériques mis à disposition. Le faire à bon escient relève simplement d’une identification méthodique, à la fois du support en tant que tel, de son usage et de son contenu.

D’autre part, comme il est déjà difficile pour les élèves de faire le lien entre virtuel/présentiel, il importe aussi de ne pas multiplier les canaux d’information, en tout cas de clarifier leur utilisation. A l’échelle de l’établissement, cette vigilance est facilitée par l’utilisation de l’ENT qui propose un outil commun à tous, et dont les données sont protégées. Le mail peut être un choix pour échanger, mais il ne doit pas se doubler d’appels téléphoniques ou de consignes données en mode visioconférence. On peut très bien faire le choix de donner les devoirs par écrit, mais à ce moment-là, on utilise le même support et on réserve, par exemple, les échanges visuels au « cours » virtuel ou à des espaces de dialogue.

A cet égard, il est important de garder à l’esprit que les élèves n’ont pas à faire à un seul enseignant mais à plusieurs, et que la multiplicité des sollicitations, des consignes de travail, doublées parfois de difficultés matérielles à la maison, rend l’organisation de leur travail plus difficile qu’en tant normal ; d’où le découragement de certains qui avaient déjà du mal à « s’accrocher ».

  • 4 : Garder l’identité de la classe :

Qu’il s’agisse de la période de confinement, ou du retour progressif actuel, on constate que les élèves restent relativement isolés ou ne se fréquentent qu’en petits groupes. Paradoxalement, c’est par le biais du virtuel qu’il est possible de retrouver la notion de classe et ainsi de rassembler les individus en créant une dynamique collective, même si les moments de rencontre se font de manière partielle. Cette notion d’identité de classe est aussi importante pour les professeurs car elle permet de trouver plus aisément la posture évoquée précédemment, telle que les élèves la connaissent habituellement ; ensuite, elle crée des repères qui structurent la vie de l’élève, lui donnent un environnement qui l’aide à prendre de la distance par rapport à son cadre de vie et à son univers familial.

Il ne s’agit nullement de dire ici que le cadre familial est néfaste mais l’on sait bien que l’instruction se double d’une éducation qui passe par la capacité à mettre à distance son propre quotidien, à apprendre à aller vers les autres, à construire une socialisation nécessaire pour toute construction de la citoyenneté future de chaque enfant ou adolescent. On parle souvent, et à juste titre, du « métier d’élève » ; ce dernier doit s’exercer dans l’échange, l’émulation – qui n’est pas synonyme de compétition – et, pour cela, il importe de se sentir appartenir à un groupe dont les contours, à certains moments, doivent être aisés à retrouver. Une fois encore, c’est la notion de « repères » qui est essentielle.

  • 5 : Favoriser l’entraide entre pairs :

Un problème récurrent est apparu, qui existait en temps normal, mais que les conditions de confinement et la fragmentation de la reprise ont grandement accentué ; c’est celui du décrochage. Un certain nombre d’enseignants -les Professeurs Principaux en particulier, selon la demande institutionnelle- ont appelé directement les familles, pour retrouver le contact avec les élèves qui ne se manifestaient plus. Parfois, l’effet a été positif mais pas toujours. Certains parents, comme on l’a vu dans le point 1, ont mal perçu ce type d’initiative. Il est certain, en tout cas, que ce mode de relation ne peut être employé qu’avec mesure si l’on veut favoriser le retour des élèves à l’autonomie. Il est possible de tenter une autre manière pour aider les décrocheurs à retrouver une dynamique de travail : le lien avec un(e) camarade de classe, ou plusieurs, en particulier par le biais d’une activité collective, nécessitant la participation du plus grand nombre. Cela revient à créer une forme de tutorat ponctuel, qui peut s’avérer efficace dans la mesure où il est demandé une sorte de mission de confiance à celui ou celle qui va tenter de remotiver un/e camarade.

Il n’existe pas de remède assuré face au décrochage, mais ce qui est certain, c’est que les professeurs ont le sentiment, justifié, que l’éloignement ne fait qu’accentuer les difficultés de certains élèves et creuse le fossé entre ceux qui suivent aisément et qui, généralement peuvent se faire aider, et ceux dont les liens avec l’école sont déjà fragiles. Il ne faut pas renoncer pour autant et, encore une fois sans garantie de réussite systématique, faire confiance aux élèves de la classe qui, connaissant le contexte de vie de certains de leurs camarades, trouveront sans doute mieux les mots pour les remotiver.

Synthèse : les 5 points de la posture du professeur
1. Continuité pédagogique : présence du professeur en tant que guide et référent
2. Régularité : rendez-vous précis d’une fois sur l’autre, pas nécessairement quotidiens
3. Clarté : récurrence des modes de relation pour éviter la confusion d’une surinformation
4. Lien : identité de la classe maintenue par le biais du virtuel et des tâches collectives
5. Entraide : entre pairs, sous forme d’un tutorat ponctuel pour lutter contre le décrochage

Adapter les contenus et les activités pédagogiques

  • 6 : Définir des points de programme à traiter :

Il serait illusoire de penser que l’on peut parcourir en quelques semaines un programme qui aurait dû s’étaler sur plusieurs mois. Au moins deux écueils semblent devoir être évités : celui de ne se consacrer qu’à un seul point du programme et tenter de le faire comme si l’on était en classe, au détriment de pans entiers qui ne seront pas abordés du tout. A l’inverse, on peut être tenté de passer en revue et de manière très rapide tout ce qui n’a pas été du tout étudié en classe. Des choix doivent s’opérer : quelle que soit la discipline enseignée, il importe de se demander quels sont les points du programme qui paraissent essentiels pour aborder l’année suivante, à la fois en termes de contenus mais aussi de compétences. A cet égard, les attendus de fin d’année et fin de cycle permettent de sélectionner et de hiérarchiser les compétences importantes à travailler.

La réflexion s’effectue alors en deux temps :
 réflexion didactique : quels savoirs estime-t-on indispensables pour chaque chapitre du programme ? Comment les problématiser pour aller à l’essentiel puisqu’on ne peut les traiter de manière exhaustive ?
 réflexion pédagogique : selon quelles modalités ? Avec quels supports ? Quelles activités d’appropriation peut-on proposer ?

La dimension inédite de la période que nous venons de traverser – et qui comporte encore des incertitudes – a pu conduire à laisser de côté, dans un premier temps, ce qui se rattachait aux programmes. Cette première réaction était légitime et a certainement permis aux élèves de faire part de leur ressenti. Cependant, une fois encore, il est essentiel de continuer à nourrir les esprits et, d’une certaine manière, à faire prendre du recul par rapport à une situation anxiogène. L’ancrage dans le programme aide les élèves à se projeter dans une progression, à leur donner des perspectives, en particulier sur l’année suivante.

  • 7 : Prévoir des temps de séance raisonnables :

Au moins trois raisons essentielles font qu’une séance virtuelle ne peut pas avoir le même format qu’un cours en classe, en particulier au niveau de la durée. Cette remarque s’applique évidemment encore plus en collège qu’en lycée. En effet, une séance virtuelle favorise moins l’interaction que le cours en présentiel ; il est donc plus difficile de rester très attentif en continu durant un temps long ; ensuite, le cadre de travail à la maison ne peut être le même que dans la classe. Même si l’élève est dans une chambre indépendante, il peut être amené à s’interrompre et répondre à des sollicitations familiales dont on ne peut complètement faire abstraction. Surtout, l’attention individuelle n’est pas stimulée par une dynamique collective telle qu’elle peut exister dans le groupe-classe. C’est pour cela que des cours à distance ne doivent pas être trop longs, d’autant qu’il faut penser que d’autres collègues proposent aussi des rendez-vous virtuels. Des séances de 30mn en collège peuvent déjà constituer une base de travail suffisante. Il importe alors d’annoncer et d’amorcer le contenu de la fois suivante, afin d’assurer la continuité dans les apprentissages, qui est la clé de cet enseignement si particulier demandé par les circonstances [2].

La séance virtuelle doit s’intégrer dans le temps de l’élève comme une étape au cours d’un cheminement d’appropriation : il ne s’agit pas d’instaurer d’emblée une forme de classe inversée, mais l’on peut imaginer une activité préparatoire simple demandée à faire à la maison –et possible pour tous- pour que la séance proposée par le professeur à distance soit plus aisée à assimiler. Ensuite, une activité pourra être faite soit de nouveau à la maison, soit en classe si l’organisation le permet et la constitution de petits groupes pourra alors favoriser la différenciation pédagogique (par exemple, et de manière simple à mettre en œuvre, on pourra proposer à partir d’un point du programme, deux ou trois questionnaires ou activités permettant de travailler une compétence particulière).

  • 8 : Ménager un temps de parole hors programme :

Il est compréhensible d’avoir souhaité, au début du confinement, faire parler les élèves sur ce qu’ils vivaient et les initiatives consistant à faire écrire un journal ont pu être très bénéfiques. Cependant, il est important de permettre à tous de retrouver un cadre scolaire remplissant sa fonction habituelle : apprendre et progresser. Comment alors créer l’équilibre entre le temps retrouvé de l’école – qu’elle soit à distance ou en classe – et la réflexion sur la période que nous traversons ? Il peut être opportun de maintenir un moment dédié à l’échange, dissocié du temps de travail purement scolaire, par exemple en ménageant une sorte de « kiosque info » selon sa discipline, au cours duquel, de préférence oralement, il serait possible d’échanger à la fois sur ses impressions mais aussi acquérir de nouvelles informations. Le fait d’apprendre d’un événement qui a pu engendrer de l’anxiété fait aussi partie de la double mission de l’école : instruire et éduquer.

En effet, toutes les disciplines peuvent proposer un temps de réflexion constructif : étymologie, récit, description en français ; textes littéraires à partir du thème de « la chambre » par exemple [3]. En histoire et géographie, il est aisé d’imaginer une recherche autour des grandes épidémies, de la médecine… En mathématiques, la notion de statistiques ; et, bien sûr, en sciences, des angles multiples peuvent être abordés allant de l’hygiène à la recherche. Les langues vivantes offrent aussi de multiples possibilités [4]. On peut, par exemple en collège, imaginer une forme d’exposé collectif virtuel autour de certains de ces thèmes, ce qui favorise un travail interdisciplinaire au cours duquel des compétences variées peuvent être investies.

  • 9 : Proposer de nouveaux savoirs :

Il peut être tentant de profiter d’un temps hors cadre habituel pour approfondir certains points de méthode ou pour « reprendre les bases ». Encore faut-il s’entendre sur ce que recouvrent ces termes. Si le fait de ne pas être tenu par une échéance de programme donne l’occasion de s’arrêter sur les savoir-faire des élèves, il importe de le faire toujours en lien avec un contenu précis, ce dernier justifiant de travailler la forme choisie et donc sa méthodologie. Sinon, on court le risque de démotiver les élèves car, seule, l’articulation fond et forme, contenu et expression peut donner du sens à un exercice quel qu’il soit.

Tout travail méthodologique proposé comme un a priori nécessaire, surtout dans des conditions où les élèves peuvent se retrouver seuls face à un exercice, ne peut qu’être rebutant pour eux. Il est essentiel qu’ils voient la nécessité de maîtriser un savoir-faire en même temps qu’ils acquièrent un savoir, et non avant. On ne peut, en particulier avec des collégiens, faire de cours de méthodologie ex nihilo. On peut prendre un exemple simple : celui du paragraphe argumenté, utile dans plusieurs disciplines et pas seulement en français. Il ne peut se faire, s’améliorer par des brouillons successifs qu’à partir d’un sujet et non dans le vide. Ce travail par étapes peut trouver tout son intérêt en amont de la séance, qu’elle soit virtuelle ou en classe, puis en aval, pour améliorer la production, une fois que les conseils et les corrections auront été apportés. On peut préciser que ces remarques peuvent tout autant s’appliquer à un entraînement oral : entrainement individuel, remarques et échanges, amélioration de la prestation.

  • 10 : Corriger sans noter :

La question de l’évaluation se pose de manière encore plus aigüe dans un contexte qui ne permet pas d’échange direct et régulier avec les enseignants. Ne pas donner d’appréciation pour un travail lui confère une sorte de gratuité interprétée de manière souvent négative par les élèves. A l’inverse, noter n’a guère de sens car une note est perçue de manière plus abrupte si elle n’est pas commentée comme cela peut être le cas en classe. Comment alors tenir compte du travail effectué, l’évaluer, permettre qu’il soit amélioré sans décourager l’élève qui l’a réalisé, sans non plus lui attribuer une valeur excessive du fait des circonstances ? Pour cela, il peut être motivant de proposer des activités donnant lieu à des productions qui sont corrigées de manière à être améliorées. On retrouve alors la démarche pédagogique qui consiste à favoriser le travail du brouillon, à concevoir une production par étapes. En effet, le morcellement des temps de cours –à distance ou en présence, par petits groupes- peut finalement se prêter à cette forme de personnalisation des tâches. Ainsi, lors des moments en classe, est-il possible, par exemple, de reprendre de manière quasi individuelle un travail effectué à la maison, et dont la correction, collective, a été proposée en séance par visioconférence.

Il est important de demander aux élèves de produire, que ce soit à l’écrit ou à l’oral. C’est ainsi qu’ils continuent à s’impliquer dans les apprentissages. Ils ne doivent pas être seulement récipiendaires d’un savoir car leur motivation risque très vite de s’émousser. A cet égard, et pour répondre en partie à la question complexe du décrochage, on peut demander que soient réalisées des productions collectives afin de relancer la dynamique de classe et de favoriser les liens entre élèves, en particulier avec ceux qui ont tendance à s’éloigner de l’école. On peut penser, par exemple, à l’élaboration d’une exposition virtuelle, faisant appel à des compétences variées et permettant d’impliquer beaucoup d’élèves qui peuvent travailler en petits groupes. L’oral constitue aussi une piste pertinente pour effectuer une production collective. Ainsi, en français, est-il aisé de constituer, par exemple, une anthologie poétique qui restera comme une trace et un souvenir pour la classe.

Synthèse : les 5 points de la pratique pédagogique alternée
6. Points du programme à traiter : faire le choix d’aller à l’essentiel
7. Temps de séance à distance : des durées raisonnables pour ne pas décourager les élèves
8. Temps hors programme : ménager un moment de dialogue sans oublier les apprentissages
9. Articulation contenus/méthodes : ancrer la méthodologie dans des contenus porteurs de sens
10. Évaluation adaptée : ne pas noter mais corriger pour permettre d’améliorer

Conclusion

Dans un moment exceptionnel pour tous, il est essentiel que l’école garde et renforce son rôle de repère pour tous les élèves qui lui sont confiés. Si les inégalités sont encore plus visibles qu’en temps normal, il importe de trouver des réponses qui échappent aux deux écueils suivants : celui de refuser toute utilisation des modes de communication virtuelle ; à l’inverse, celui qui consisterait à voir dans le numérique la réponse à toutes les interrogations pédagogiques. On ne saurait redire à quel point l’enseignement se doit d’être incarné, ce qui rend indispensable la présence du professeur. On doit – et on ne peut que l’accepter – admettre qu’une forme d’alternance s’avère nécessaire et invite chacun à s’interroger sur ses pratiques.

Ainsi, la quantité de travail demandée aux élèves se doit d’être soigneusement dosée afin de les stimuler sans les submerger. En somme, les deux qualités dont il faut faire preuve plus que jamais sont les suivantes : le sens de la mesure et la capacité à articuler ce que l’on propose et ce que l’on attend des élèves, dans un projet cohérent et concerté. C’est à cette condition que l’on peut les accompagner pour les aider à construire leur autonomie et à garder le goût de l’effort et du savoir.

Evelyne BALLANFAT
IA-IPR de Lettres honoraire (académie de Créteil)

15/06/2020

[1« The medium is the message » in Understanding Media : The extensions of man (1964) Pour comprendre les medias (1968) du philosophe canadien Marshall McLuhan. Cette phrase, parfois mal interprétée, ne signifie en aucun cas que son auteur approuvait cette idée mais qu’au contraire, il convenait, face à cette éventualité, de garder l’esprit critique : « Ce n’est pas parce que nous serons tous interconnectés dans une conscience globale grâce à des ordinateurs portables gros comme des prothèses audio que je pense que c’est une bonne chose. » (extrait d’une réponse de 1964 à un critique, publiée le 29.01/2016 dans le magazine Le nouvel Economiste.)

[2« On peut aussi imaginer un scénario selon lequel le professeur se connecte 5mn en début d’heure pour donner une consigne, se déconnecte 30 mn pour laisser les élèves travailler seuls, puis se reconnecte pour une mise en commun ou pour répondre à des questions, avant un autre temps en autonomie et un bilan collectif en fin d’heure. » Adrien DAVID, IA-IPR de Lettres, mission accompagnement, Créteil

[3In Les Chemins de la Philosophie, France-Culture du 11 au 14 mai 2020

[4« La pandémie n’ayant pas été traitée avec des stratégies identiques, selon les pays, les langues vivantes permettront d’aborder cette question sous divers points de vue et, par là même, d’engager le débat en langue étrangère. » Elisabeth JARDON, IEN EG lettres-anglais, mission accompagnement, Créteil